La principauté de Stavelot Malmedy se composait de deux Postelleries (Stavelot et Malmedy) et du Comté de Logne à partir du XII siécle jusqu’en 1795. Bodeux fait partie de la postellerie de Stavelot qui rassemble les « mayeuries » de Bodeux, Bra, Chauveheid, Chevron, Fosse, Hébronval , Roanne, Lierneux, Odeigne, Ottré, Rahier, Stavelot, Stoumont et Wanne. Les mayeuries étaient héréditaires et constituaient un fief relevant de la Cour féodale de Stavelot. Bodeux sera une seigneurie héréditaire comme d’autres villages de la région mais qui disparaitront à la révolution française et se transformeront en communes. En 1795, la principauté est abolie et son territoire est intégré au département de l’Ourthe. Le Congrès de Vienne de 1815 assigna Stavelot au Royaume uni des Pays-Bas.
En 648, le roi des Francs, Sigebert, fils du bon roi Dagobert, concède à Saint-Remacle tout un domaine, pour y établir les monastères de Malmedy et de Stavelot. La terre de Bodeux faisait bien sûr partie de ce territoire. En 666, soit 18 ans plus tard, le roi Childéric, successeur du roi Sigebert, réduit de moitié, à la demande de Saint-Remacle lui-même, l’étendue du domaine, avec comme conséquence, entre autres, que la terre de Bodeux n’en fait plus partie. Cette situation va durer pendant 3 siècles. Le premier écrit connu mentionnant Bodeux date du 25 mars 946 : une veuve, Reingilde, fait donation à l’abbaye de Stavelot de six manses (maisons) sises dans Bodeux. En 950, à la demande de l’Abbé Odilon, l’empereur Otton 1er exclut Bodeux du domaine foncier de Stavelot qui passe ainsi au comte Warnier de 959 à 963. En 963, Bodeux est réintégré au domaine abbatial de Stavelot. Bodeux dépendait d’un comte appelé Warnier, mais le comte de Luxembourg nommé Segefried désirait en faire l’acquisition. L’abbé Werinfried, qui redoutait le voisinage de ce dernier, s’empressa de s’entendre avec Warnier qui lui céda par voie d’échange «Baldau». Cet échange comportait Nothen, à 15 km au sud de Zulpich dans l’Eifel, au comte Warner et reçut en échange la terre de Bodeux. Mais comme les moines de Malmedy avaient, eux aussi, un droit sur Nohas, leurs frères de Stavelot leur donnèrent en contrepartie le site de Ville, non loin de Ferrières, dans le comté de Huy. En 1135, le nom de Bodeux apparaîtra bien sur la liste des possessions de l’abbaye sur le retable d’argent doré que le prince-abbé Wibald fit exécuter pour l’autel de St-Remacle. Bodeux tire son nom de l’existence passée d’une « villa » romaine (exploitation agricole), citée en 946 et appartenant à un certain Baldo. La villa de «Badau» (Bodeux, autre orthographe) comprenait de vastes champs cultivés, des bois, son moulin (Henri Moulin) et sa grande forêt. Il y avait à Bodeux, un château (Haute Bodeux), une cour de justice et des dépendances, constituant un fief distinct, dont les échevins étaient nommés par l’abbé de Stavelot. Le seigneur avait la charge de maïeur héréditaire de la justice de l’endroit. Ce fief et cette susdite charge furent possédés pendant plusieurs siècles par la famille de Rahier.
En 1510, Gilchon de Rahier en fit le relief (releva la dignité) en sa qualité de fils de feu Jean de Rahier. Il est fait allusion à Jean-Pierre de Rahier de Bodeux, à propos d’un procès de l’abbé de Stavelot contre ses officiers, et à des pièces pouvant servir à ce procès. Le maïeur héréditaire de Bodeux et ceux de Rahier, Roanne, Chevron, Wanne et Lierneux, prétendirent à quatre reprises, former un ordre et constituer un des États du Pays de Stavelot dont le consentement était nécessaire pour l’établissement des impôts. Condamnés à la privation de leur office, par arrêt du Conseil antique (tribunal suprême) du 20 février 1693, ils restèrent suspendus de leurs fonctions pendant 12 ans. En 1706, après avoir fait leur soumission, ils furent réintégrés dans leurs anciennes prérogatives. De la cour de Bodeux, on pouvait en appeler à la Haute Cour de Stavelot. La localité a été le chef-lieu d’un canton, avant les préfectures et est entré dans le canton de Stavelot, l’an X de la République.
Une rue à Basse Bodeux a gardé son origine car elle a appartenu au chemin de pèlerinage, venant d’Aix-la-Chapelle et passant par Limbourg, Polleur, La Gleize, Basse-Bodeux, tous anciens villages, aux vieilles églises, avant de gagner Vaux-Chavanne, et y rejoindre une autre « pèlerine voie », celle venant de Malmedy, Stavelot, Fosse et Lierneux, avant de transiter ensemble par La Roche, St-Hubert, Mézières.
A la sortie de Trois Ponts, en direction de Bodeux, une route encore pittoresque ou le trafic permettait encore de voir ce type d’image.