L’hôtel de la Station à Roanne Coo a vu passer les deux enfants Apollinaire lors de leurs fuites quant ils ont quitté la pension Constant de Stavelot sans payer.
Le texte suivant du journal « Le Monde » relate brièvement le passage de Guillaume Apollinaire à Roanne Coo
LE 8 octobre 1899, la Semaine, journal hebdomadaire de Stavelot, petite ville située non loin du plateau des Hautes-Fagnes, dans la province de Liège, relatait sous le titre » Escroquerie » le départ précipité, d’une pension locale, de deux jeunes gens qui n’étaient autres que Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky et son frère Albert…
Pour comprendre cet étrange épisode de la vie du futur Guillaume Apollinaire, il faut se reporter au temps où sa mère, la comtesse Angelica de Kostrowitzky, courait les salles de jeu de la Belle Époque en compagnie de son jeune amant Jules Weil. Indésirable, semble-t-il, sur la Côte d’Azur, le couple remonte vers le nord et décide de tenter sa chance au casino de Spa. La jolie comtesse s’y fera très vite remarquer par ses toilettes tapageuses. En revanche, par prudence autant que par coquetterie, elle aura soin d’écarter de la ville d’eaux ses deux grands fils et son chevalier servant. En juillet 1899, voilà donc Jules Weil et ses deux » neveux » installés à Stavelot, un gros bourg de la région.
À la pension Constant, l’aubergiste ne se méfie guère : les garçons sont charmants, bien élevés et leur » oncle » se prétend officier français. En septembre Jules Weil quitta brusquement Stavelot, prétextant… un rappel de l’armée française. Il ne paya qu’une partie de sa note d’hôtel, et l’on apprit par la suite qu’il avait gagné Ostende, où la fantasque comtesse vint le retrouver. Quant aux deux jeunes gens, ils levèrent le pied discrètement la nuit du 4 au 5 octobre, pour se rendre à la gare la plus proche, d’où ils prirent le train pour Namur et Paris. Apollinaire résumera lui-même cette équipée peu glorieuse : » Départ à la cloche de bois par un temps de gel, la nuit, avec malle sur le dos, valise à la main, à travers 7 kilomètres de forêt, odeur de champignons de Stavelot à Roanne-Coo. » Les bonnes gens de Stavelot ont conservé très originalement le souvenir de cet incident en consacrant un fort joli musée, dans l’ancienne abbaye de Saint-Remâcle, à l’auteur des Calligrammes. On peut y admirer la reconstitution de la chambre du poète à la pension Constant et de nombreux documents, parfois inédits, sur la façon dont il entra en poésie. Dans il y a, n’a-t-il pas, en effet, laissé parler son cœur d’adolescent ? On y retrouve un poème intitulé Fagnes de Wallonie, du nom de ces hauts plateaux venteux qui profilent à l’infini, sur la crête nord des Ardennes, leurs tourbières à » maclottes » et leurs landes de bruyères, à travers le sévère échiquier des pins et des épicéas :